1.3.2 La frustration du spectateur

La plus grande sensation de réalité induite par le relief produit un phénomène intéressant que nous avons pu observer lors de nos workshops. En effet, lorsque qu’un espace ou un sujet est masqué par un élément de décor ou un personnage, l’envie est forte de se pencher latéralement (comme on le ferait dans la réalité) pour voir « derrière ». Or, comme on l’a expliqué, l’espace représenté se déforme à la faveur du déplacement du spectateur par rapport à l’écran (en savoir plus). Il n’y a donc pas d’espace masqué qui puisse se découvrir sans que le réalisateur en fasse le choix et déplace sa caméra. Ce phénomène d’appel ou d’aspiration lié à la sous-motricité du spectateur assis sur son siège peut être une source de frustration mais aussi un paramètre utilisable au service de la dramaturgie.

Robert Zemeckis l’a utilisé de manière très directe dans Polar Express lors de la séquence ou le petit garçon va enfin voir le Père Noël, but ultime de son voyage. Par le mouvement de rideau des lutins dans la profondeur et par une caméra portée qui accentue encore l’effet, on est littéralement dans le regard du héros qui tente de trouver le meilleur point de vue. Cet effet fonctionne évidemment en 2D, mais le relief lui donne ici une force supplémentaire et l’on se prend à bouger physiquement la tête pour mieux voir.